Terry Dimock (TD), Paul Birchenough (PB) et Ian Smith (IS)
TD :
Vous écoutez notre balado BNI. Je m’appelle Terry Dimock et suis chef de la gestion des risques et de l’exécution de Banque National Investissements. Je serai votre animateur aujourd’hui pour cette discussion vraiment intéressante sur les marchés émergents.
Avant de commencer, quelques précisions administratives. BNY Mellon Asset Management Canada Limited est le sous-conseiller retenu par Newton Investment Management Limited comme sous-conseiller du Fonds diversifié d’actions des marchés émergents BNI. BNY Mellon Asset Management et Newton sont membres du même groupe. Cette balado a seulement une vocation d’information générale, peut changer et ne se rapporte qu’à la partie du fonds qui est gérée par Newton. Elle est à jour en date du 25 janvier 2021. Les références à un pays ou un secteur ne devraient pas être interprétées comme une recommandation d’achat ou de vente d’investissements dans ce pays ou ce secteur.
Je reçois aujourd’hui Paul Birchenough et Ian Smith, gestionnaires de portefeuille dans l’équipe Opportunités d’actions chez Newton Investment Management et cogestionnaires du Fonds diversifié d’actions des marchés émergents BNI. Bonjour Paul et Ian. Merci de vous joindre à nous pour cette émission.
PB :
Bonjour, Terry, merci de nous recevoir.
TD :
Alors, commençons par Paul et pourquoi pas avec une question simple. Pourquoi investir dans les marchés émergents maintenant?
PB :
Premièrement, nous avons l’intuition que les actions des marchés émergents sont une catégorie d’actifs qui devrait dépasser les actions des marchés développés à long terme.
Plus de 80 % de la population mondiale résident dans des pays à revenu faible ou moyen qui ont une plus forte proportion encore de la jeunesse mondiale et pourtant, les marchés émergents représentent à peine un peu plus de 10 % de l’indice représentatif des actions mondiales. Cela est corroboré par le fait que les actions des MÉ se sont démarquées à long terme, ayant produit au-delà de 10 % de rendement annualisé en dollars américains depuis 1987 et dépassant les rendements annuels des marchés développés de près de 2,5 %.
Mais il est très intéressant de noter qu’au cours des 10 dernières années, les actions des marchés émergents n’ont produit que 4 % de rendement annualisé. Et, en fait, ce marché accusait un retard sur les actions des marchés développés de plus de 6 % par an. Les indices des marchés émergents n’ont dépassé le niveau de 2007 que le mois dernier. Cette mauvaise performance nous laisse penser que ce pourrait être un moment intéressant pour redécouvrir une des catégories d’actifs ayant la plus forte croissance pour les investisseurs qui visent le long terme. La performance des actions des marchés émergents a commencé à se redresser plus récemment, ayant dépassé celle des marchés développés de 23 % depuis mai dernier.
Cela s’est produit sur fond de dépréciation du dollar américain, ce qui tend à être propice pour les actions des marchés émergents. Les montants massifs de stimulation budgétaire aux États-Unis et dans d’autres pays développés au cours des douze derniers mois par rapport à la Chine et à d’autres marchés émergents soutiennent les perspectives relatives des monnaies des MÉ, ce qui devait motiver un rendement supérieur de leur part. Les flux vers les fonds communs de placement d’actions ont repris, bien que les données révèlent que les épargnants investissent encore moins dans les MÉ qu’historiquement. Il y a donc clairement des raisons tactiques de se réintéresser aux MÉ, mais c’est une occasion à long terme qui nous passionne et c’est aussi celle qui suscite la plus forte conviction. Celle-ci est fondée sur des thèmes et des tendances à long terme fiables, par exemple :
- Croissance de la consommation en ligne en Chine soutenue par l’expansion de la classe moyenne et la diminution des taux d’épargne chinois.
- De plus, la pénétration croissante de produits et de services largement sous-représentés, des peintures et voitures aux prêts hypothécaires, aux régimes de retraite, à l’assurance et au commerce en ligne;
- Et enfin, les marchés émergents sont des chefs de file mondiaux dans des tendances lourdes comme l’expansion des véhicules électriques et de l’énergie renouvelable.
Nous pensons qu’il existe une occasion unique pour les sociétés des MÉ qui étaient exposées à des tendances de croissance fiables et qui savent exploiter ces débouchés mieux que leurs concurrents grâce à leur offre aux clients et à leur exécution différenciées.
TD :
Cela semble recéler de très nombreuses occasions à saisir. C’est un marché très vaste. Alors, Paul, peut-être pourriez-vous nous parler un peu de votre approche dans l’investissement dans les marchés émergents ainsi que de certains des tendances et des débouchés actuels.
PB :
Bien sûr. Les marchés émergents, de par leur nature même, offrent une exposition à un potentiel de croissance fort, mais sont souvent caractérisés par des marchés à court terme ou des aléas économiques, qui dissuadent parfois les investisseurs d’investir dans cette catégorie d’actifs. Notre approche consiste à offrir un portefeuille de placement très sélectif qui vise à capter le meilleur potentiel de croissance sur les marchés émergents tout en réduisant le risque au minimum. Notre stratégie est gérée activement; cela signifie que nous sélectionnons ce que nous percevons comme les meilleures sociétés et investissons ensuite avec une grande conviction et limitons le nombre de sociétés que nous détenons aux plus prometteuses. Notre approche est une combinaison d’identification de thèmes et de tendances intéressants et d’analyse fondamentale société par société, ou, en d’autres termes, le repérage des meilleures sociétés qui devraient profiter des tendances positives dont nous parlons.
Nous suivons une approche rigoureuse dans la sélection des actions, qui commence par la base et recherche des sociétés ayant des caractéristiques spécifiques dont nous croyons qu’elles pourraient engendrer de bons rendements à long terme. Nous recherchons des sociétés de bonne qualité et en croissance, scrutant les cinq dernières années de chaque investissement. Un horizon de placement à long terme est un élément de différenciation clé et nous évitons de chercher à exploiter les soubresauts à court terme des marchés. Un des éléments clés du processus d’investissement de Newton consiste à utiliser des thèmes que nous avons dégagés pour renforcer nos perspectives à long terme.
Cette approche systématique nous aide à rester focalisés sur des tendances de croissance intéressantes et très fiables. Ces thèmes sont notamment les véhicules électriques, l’énergie renouvelable et intelligente et les consommateurs indiens. J’en dirai deux mots rapidement. La pénétration des véhicules électriques augmente; ils devraient représenter près de 40 % des ventes de voitures d’ici 2030. Même en décembre 2020, 24 % des voitures vendues sur les trois principaux marchés d’Europe étaient électriques, contre seulement 4 % douze mois plus tôt. Cela crée un nouveau besoin de batteries, qui croîtra de plus de 20 % par an au cours des 10 prochaines années. Des entreprises chinoises et coréennes seront sans doute des chefs de file mondiaux sur ce créneau.
L’énergie renouvelable est un autre créneau intéressant, mais les sociétés chinoises en sont déjà les chefs de file. Par exemple, dans le solaire, la capacité d’énergie renouvelable devrait croître de 50 % entre 2019 et 2024. Cette augmentation serait l’équivalent de la capacité totale des États-Unis. Nous sommes réellement à un point d’inflexion, le coût moyen du solaire en Chine ayant été réduit de 18 % au cours des dix dernières années. Le solaire aura un coût plus avantageux que les combustibles fossiles. Et une grande partie de la nouvelle capacité d’énergie renouvelable sera solaire, les grands gagnants de cette tendance étant chinois.
Le troisième thème important que j’ai mentionné est le consommateur indien. Le potentiel, ici, est exceptionnel, avec un vaste marché adressable, des industries fragmentées et une sous-pénétration d’une multitude de produits et de services. L’économie de consommateurs moderne, avec des ménages gagnant plus de 4 000 $ US, devrait doubler à environ 330 millions de personnes en moins de 10 ans. Proportionnellement, il y a autant de propriétaires de voitures en Inde aujourd’hui qu’aux États-Unis il y a cent ans et le taux de pénétration du crédit hypothécaire est actuellement de 10 % de la production économique, comme aux États-Unis dans les années 1950. Il y a clairement de nombreuses occasions à saisir dans le secteur de la consommation en Inde.
TD :
Bien, merci beaucoup Paul. C’est très éclairant. Passons à un autre sujet réellement important. Pour sélectionner des gestionnaires, BNI applique son processus OP4+, et c’est par le + que les gestionnaires intègrent réellement les facteurs ESG. Dans ce vaste marché, beaucoup de régions, administrations, réglementations différentes sont réellement importantes. Ian, peut-être pourriez-vous nous expliquer pourquoi l’intégration des facteurs ESG est si importante. Particulièrement sur les marchés émergents.
IS :
Oui Terry, merci pour la question. Comme vous le dites, c’est une question cruciale. Chez Newton, nous croyons que l’intégration des facteurs ESG est très importante quand nous envisageons des investissements, dans toutes les catégories d’actifs en fait. Il est utile de mieux cerner et évaluer les risques d’affaires, mais aussi de penser aux débouchés qui peuvent se présenter.
Donc, à notre avis, les facteurs ESG sont pertinents pour les rendements à long terme des actionnaires et c’est pour cela que nous les prenons tant au sérieux. Nous croyons cependant que l’intégration des facteurs ESG est particulièrement importante sur les marchés émergents, où il y a plus d’entreprises contrôlées par les États ou des groupes de promoteurs et où les possibilités de conflit d’intérêts sont plus grandes. Vous savez peut-être aussi que les informations communiquées sur les facteurs ESG sont un peu plus aléatoires sur les marchés émergents et les politiques et codes qui s’y rapportent sont moins formalisés.
Tout cela signifie que typiquement, les cotes ESG sont moins élevées sur les marchés émergents que sur les marchés développés, il y a donc plus de pièges et de risques sur ces marchés. Or, il est important de connaître ces risques pour les éviter. Cependant, un cadre ESG nous permet aussi de tirer potentiellement avantage des facteurs ESG positifs, si une société aspire à être en tête de sa catégorie. Comme Paul l’a dit, nous croyons que les marchés émergents offrent des possibilités de croissance sans égales dans presque toutes les catégories d’actifs. Par conséquent, pour nous, l’intégration des facteurs ESG aide nos clients à obtenir une exposition à ce que les marchés émergents ont de mieux à offrir et à éviter le pire. Donc, s’il y a de mauvaises entreprises, il en existe aussi qui sont particulièrement remarquables sur les marchés émergents qui font les choses comme il se doit. Et c’est dans celles-là que nous cherchons à investir.
Chez Newton, nous avons une équipe en croissance de six personnes qui nous aide comme gestionnaires de portefeuille à mieux comprendre les risques et occasions à saisir liés aux facteurs ESG dans une entreprise. Elles produisent des rapports ESG de qualité qui nous donnent un meilleur éclairage. En fait, Newton exige un tel rapport avant tout investissement dans une nouvelle position. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour faire ces évaluations, dont des bases de données et des études de tiers. Mais comme gestionnaires de portefeuille, nous avons un rôle critique à jouer sur le terrain. Nous devons entretenir un dialogue avec les directions des entreprises dans lesquelles nous investissons et savoir les remettre en question quand c’est approprié.
Nous devons savoir que nous pouvons leur faire confiance et que nos attentes de réussite future de leur part sont bien cadrées. Mais je ne voudrais pas donner l’impression que l’intégration des facteurs ESG nous aide seulement à éviter des pièges. Elle nous aide aussi à trouver des occasions de croissance. En réfléchissant aux besoins mal servis, qui recoupent souvent les objectifs de développement durable de l’ONU, nous pensons aussi aux possibilités d’un vaste marché adressable. Malheureusement, plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas d’eau potable bien gérée et plus de quatre milliards n’ont pas de services d’assainissement sûrs.
Les émissions de CO2 sur la base du PIB des pays à revenu faible et moyen représentent 60 % de plus que dans les pays à revenu élevé. Les entreprises qui peuvent vendre à profit des solutions à ces problèmes ont donc un très important potentiel. Nous aimons les situations où tout le monde gagne : avec un potentiel de profits et de croissance tout en comblant des besoins de la population. C’est là que nous cherchons à investir et à engager le capital de nos clients.
Je vais vous donner juste une statistique intéressante. Il existe un indice représentatif des leaders de l’ESG sur les marchés émergents composé des sociétés qui présentent les meilleures qualités ESG de leur catégorie. Cet indice dépasse l’indice large des MÉ d’environ 3 % annualisés depuis septembre 2007. Et ce n’est pas étonnant. Alors, imaginez les rendements supérieurs que peut produire un gestionnaire actif qui emploie l’intégration des facteurs ESG sur les marchés émergents d’une manière très focalisée. Et nous espérons que vous nous croyez à la hauteur de ce défi.
TD :
Merci Paul et Ian et merci aux auditeurs des émissions en balado de BNI. Aujourd’hui nous avons cherché à comprendre les marchés émergents et ce qui les rend intéressants pour nous aujourd’hui. Nous avons aussi découvert l’approche des investissements de Newton et quelques thèmes de marché intéressants à long terme. Et enfin, nous venons d’apprendre l’importance de l’intégration des facteurs ESG pour gérer le risque et trouver des débouchés sur les marchés émergents. Alors bonne journée tout le monde. Et n’hésitez pas à faire appel à un représentant BNI si vous avez d’autres questions. Merci.