Imaginez cette rencontre...
Vous seriez sans doute surpris si votre cliente décidait de s’abstenir plutôt que d’opter pour le placement à risque élevé que vous lui recommandez. C’est pourtant plausible, car seulement un tiers des femmes recherchent des investissements à risque élevé comparativement à plus de la moitié des investisseurs masculins².
- Notre rôle est d’éduquer et de partager les informations complètes pour permettre à la clientèle de prendre des décisions d'investissement judicieuses dans son intérêt et en accord avec ses objectifs financiers.
Où notre secteur a-t-il fait fausse route?
Les risques seraient-ils perçus comme étant plus importants pour les femmes dû au fait qu’elles ont traditionnellement assumé une plus grande part du travail non rémunéré comme les tâches ménagères ou l’éducation des enfants les maintenant à l’écart de ces questions? Sont-elles parfois hésitantes à poser des questions parce qu’on ne leur en donne pas l'opportunité?
- Ou ne prêtons-nous tout simplement pas suffisamment attention à leurs questions et ne répondons-nous pas de manière adéquate à leurs demandes?
La conjecture qui a fait en sorte que pendant des années les femmes n’ont pas pris part aux décisions financières – notamment en ce qui a trait à la retraite et à la planification successorale – a aussi eu pour effet de les tenir à l’écart du jargon et de la notion de tolérance au risque. Ces conditions ont également contribué à l’indécision financière et à l’évitement.
- Alors, si notre rôle est d’accompagner la clientèle féminine à y voir plus clair, comment peut-on mieux y parvenir?
L’héritage de la tradition
On le sait, historiquement, les femmes ont été majoritairement tenues à l’écart des décisions financières. Ce déficit en matière de connaissances financières résulterait, dans certains cas, à opter pour des décisions d’investissement trop prudentes, au détriment de gains futurs plus avantageux.
- Cette division traditionnelle des rôles dans les ménages, qui a fait une large place aux hommes dans les décisions financières, se répercute encore aujourd’hui.
Au Canada, l’espérance de vie des femmes est de 84 ans comparativement à 80 ans pour les hommes³. Si les hommes continuaient de s’approprier les décisions financières, ceci aurait pour effet de maintenir leurs conjointes dans l’ignorance et de les exposer aux risques d’arnaques financières lorsque vient le temps du transfert du patrimoine.
Comme maintenant plus que jamais, des femmes célibataires achètent des biens immobiliers, que de plus en plus de mariages se terminent par un divorce et que l’écart de l’espérance de vie est un fait, le rôle traditionnel des hommes comme pourvoyeurs financiers se transforme rapidement.
- Il est impératif que les femmes soient adéquatement outillées pour conserver, protéger – et faire croître – leur patrimoine en toute confiance et indépendance.
L’avenir (des finances) est féminin
Les femmes qui investissent ont tendance à aborder le risque financier avec précaution. Elles optent pour une approche critique quant aux opportunités et problématiques des solutions présentées.
On peut mettre en doute l’aversion féminine pour le risque, étant donné que plusieurs d’entre elles ont leur propre entreprise, détiennent des propriétés à l’étranger tout en gérant la maisonnée.
- Il est juste d’affirmer que les femmes ne craignent pas de prendre des risques dans la vie. Mais elles sont sélectives quant aux risques qu'elles prennent en s’informant avant de prendre des décisions importantes.
Les conseillers doivent être en mesure de démontrer, données crédibles à l’appui, que les solutions proposées répondent adéquatement aux objectifs financiers exprimés. Si les femmes ont la force et la confiance nécessaires pour démarrer une boutique en ligne, fonder une famille ou faire une offre sur un condo de rêve à l’étranger, elles ont aussi l’étoffe pour investir dans des solutions plus performantes.
Comment les conseillers peuvent améliorer leurs relations avec les investisseuses
Pour être en mesure d’offrir les conseils attendus, les conseillers doivent savoir engager une conversation franche et poser les bonnes questions. Attention de ne pas s’en tenir à un scénario scripté.
Soyez proactif et utilisez l’écoute active pour découvrir ce que chaque investisseuse recherche selon son profil de risque. C’est ainsi que vous saurez ce que vous pouvez et devez faire pour aider chacune de vos clientes à atteindre ses objectifs financiers en toute transparence et confiance.
¹ The
changing face of wealth in Canada and its implications for financial
advisors, IPC Private Wealth
² Banque Nationale
Investissements (données de Bloomberg).
³ Statistique Canada. L’espérance
de vie ajustée sur la santé au Canada. Avril 2018.